Contexte

1. L’épidémie de VIH en Belgique

i. Évolution des diagnostics d’infection à VIH

Après la tendance à la baisse du nombre de nouveaux diagnostics de VIH entre 2012 et 2018, un plateau épidémiologique a été atteint en 2019. En 2020 le nombre de nouveaux diagnostics de VIH a diminué de 21 % par rapport à 2019. Cette diminution est fortement liée à la pandémie de COVID-19 et aux mesures pour restreindre sa propagation. Celles-ci ont eu un impact sur les activités de dépistage du VIH, le comportement sexuel et la dynamique migratoire. 

En 2020, 727 nouveaux diagnostics de VIH ont été réalisés en Belgique. Ce qui correspond à 2 nouveaux diagnostics par jour. La Belgique fait partie des pays d’Europe occidentale affichant les taux les plus élevés de nouveaux diagnostics d’infection à VIH (6,3/100 000 habitants)1. 

Depuis le début de l'épidémie de VIH en Belgique, 2 populations clés ont été particulièrement touchées, ce sont les hommes belges ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) et les hommes et femmes hétérosexuels d'Afrique subsaharienne. Compte tenu de la diminution des diagnostics dans ces populations-clés, la proportion de populations avec d’autre profils est devenue comparativement plus importante au cours des dernières années et l’épidémie en Belgique est plus diversifiée. En 2020, 40% des nouveaux cas de VIH ont été diagnostiqués chez des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes belges et des hétérosexuels d'Afrique subsaharienne.  

La tendance à la baisse du nombre de nouveaux diagnostics de VIH chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes belges s'est poursuivie en 2020 ; une légère augmentation a été observée chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes d'Amérique latine. Parmi les hétérosexuels d'origine africaine subsaharienne, la tendance à la baisse semblait s'être arrêtée en 2019, mais elle a repris en 2020 ; on observe également une diminution chez les hétérosexuels de nationalité belge (figure 1). 

Figure 1 : Évolution du nombre de nouveaux diagnostics d’infection à VIH par mode de transmission et nationalité en Belgique entre 1995 et 2020

Concernant la répartition géographique, le taux de diagnostic le plus élevé est observé à Bruxelles avec 20,4 nouveaux diagnostics par 100 000 habitants (figure 2). Le nombre de diagnostic VIH est plus élevé dans les villes (12,3 diagnostics par 100 000  habitants) que dans les agglomérations (3,5 diagnostics par 100 000 habitants) ou dans les zones rurales (2,6 diagnostics par 100 000 habitants). Le taux de diagnostics plus élevé à Bruxelles semble donc lié d’une part au caractère urbain de la région et d’autre part à des caractéristiques spécifiques de la capitale. 

Figure 2: Nombre de diagnostics VIH par 100 000 habitants par province et Bruxelles, 2020 

ii. Processus de dépistage et de diagnostic

Le diagnostic tardif d’infection à VIH demeure un défi, parce que l’infection à VIH ne conduit pas nécessairement à un diagnostic immédiat. Le moment du diagnostic est influencé par différents facteurs tels que la vitesse de progression de la maladie, la disponibilité et la fréquence des activités de dépistage. En 2020, 36 % des infections à VIH ont été diagnostiquées tardivement (<350 CD4 /mm³ au moment du diagnostic). Le nombre de diagnostics tardifs a légèrement diminué au cours des dernières années et reste plus fréquent chez les hétérosexuels (47 %) que chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (22 %).  

En 2020, la moitié des tests de dépistage du VIH en Belgique ont été effectués par des médecins généralistes, ceux-ci ont réalisé près de la moitié (42%) des diagnostics d’infection à VIH. 

iii. Estimations du nombre de personnes diagnostiquées et non diagnostiquées vivant avec le VIH

En 2020, il a été estimé que 18 753 personnes vivaient avec le VIH, soit une prévalence de 1,7/1 000 habitants dans l’ensemble de la population. Récemment, des enquêtes menées auprès des populations les plus touchées ont montré une prévalence du VIH chez les migrants d’Afrique subsaharienne à 5,9 % pour les femmes et 4,2 % pour les hommes2. Concernant les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, deux enquêtes, l’enquête Sialon (basée sur des prélèvements biologiques) dans la Région bruxelloise3 et l’enquête en ligne EMIS (basée sur des données auto déclarées) en Belgique4, ont établi la prévalence du VIH à environ 12 %. 

Les personnes infectées par le VIH peuvent ignorer qu’elles sont séropositives pendant un temps considérable avant le diagnostic. Ces personnes qui n’ont pas conscience de vivre avec le VIH ne peuvent pas bénéficier d’un traitement efficace et peuvent involontairement contribuer à la transmission de l’infection à VIH. En 2020, il a été estimé que 1 585 personnes vivant avec le VIH ignoraient leur infection par le VIH. On estime que la proportion de personnes vivant avec le VIH qui ignoraient leur statut sérologique est passée de 23,5 % en 2008 à 8,5 % en 2020. Les zones géographiques incluant les plus grandes villes de Belgique comptabilisaient la vaste majorité des infections à VIH non diagnostiquées et les personnes de nationalités étrangères étaient les plus touchées, en particulier les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes non européens5 

iv. Prise en charge des personnes vivant avec le VIH

En raison des nouvelles infections et d’une faible mortalité, le nombre de personnes vivant avec le VIH augmente en moyenne de 646 patients par an,  à l’exception de l’année 2020 durant laquelle on a constaté une légère diminution du nombre de patients en suivi médical dans le contexte de la pandémie de COVID-19. En 2020, 17 018 patients ont été suivis pour une prise en charge du VIH en Belgique. On constate une augmentation de la proportion de patients âgés. En 2006, 19 % des patients en suivi médical étaient âgés de 50 ans ou plus et 44 % en 2020. En parallèle, on observe un allongement des durées moyennes depuis l’infection et depuis l’initiation du traitement antirétroviral d’où un risque plus élevé de (multi-)comorbidités liées au virus ou au traitement. 

Les indicateurs relatifs aux soins cliniques pour les patients suivis dans les Centres de référence VIH (CRV) sont excellents : la couverture des traitements antirétroviraux était de 75 % en 2008 et est passée à 98 % des patients en 2020. La charge virale était contrôlée (<200 copies/mL) chez 98 % des patients sous traitement antirétroviral depuis au moins 6 mois. 

Une continuité des services est nécessaire à la prise en charge optimale des patients. D’un point de vue clinique et de santé publique, la prise en charge et le traitement précoces et durables du VIH sont associés à la suppression virale, à un meilleur état de santé et à une réduction des risques de transmission. Des facteurs de risque associés à un moindre maintien dans les soins du VIH en Belgique ont été identifiés : être jeune, consommer des drogues injectables, avoir été diagnostiqué récemment et ne pas être Belge ; les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes avaient en moyenne une meilleure continuité des soins6

Le continuum de soins du VIH est un cadre de suivi qui utilise des indicateurs transversaux pour quantifier le nombre de personnes diagnostiquées, mises en lien avec les soins, dont les soins sont maintenus, sous traitement antirétroviral et atteignant une charge virale supprimée, en proportion du nombre estimé de personnes vivant avec le VIH. En 2020, parmi toutes les personnes vivant avec le VIH en Belgique, 92 % ont été diagnostiquées, 90 % ont été mises en lien avec des soins pour le VIH, les soins ont été maintenus pour 83 % d’entre elles, 82 % ont reçu un traitement antirétroviral et 77 % ont atteint une suppression de la charge virale (figure 3). Au fil des années, une amélioration a été observée à toutes les étapes du continuum de soins, en particulier au niveau de la prise des antirétroviraux et de la suppression de la charge virale. 

Figure 3 : Continuum de soins du VIH en Belgique, 2012-2020

L’ONUSIDA a adopté des objectifs mondiaux ambitieux 90-90-90 pour 2020 : 90% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique, parmi celles-ci, 90 % reçoivent un traitement antirétroviral, et parmi celles-ci, 90 % ont une charge virale supprimée. Une fois cette cible à trois volets atteints, l’objectif global d’au moins 73 % des personnes vivant avec le VIH avec une charge virale supprimée sera atteint. La Belgique a atteint globalement l’objectifs 2020 : 92 % des personnes vivant avec le VIH étaient diagnostiquées, parmi celles-ci,  89 % étaient sous traitement antirétroviral et parmi celles-ci 94 % avaient une charge virale supprimée, soit 77 % de l’ensemble des personnes vivant avec le VIH (figure 4). Des efforts supplémentaires visant à réduire les nouvelles infections et à garantir un diagnostic précoce et un maintien dans les soins seront déterminants pour atteindre le prochain objectif de 95-95-95 en 2030. 

Figure 4 : Continuum de soins du VIH en Belgique en 2020 en comparaison aux objectifs de l’ONUSIDA

2. Les épidémies d’IST connexes

i. Dynamiques épidémiologiques et comportementales

Des experts de l’ECDC (European Center for Disease prevention and Control, Centre européen de prévention et de contrôle des maladies) ont récemment affirmé que l’intégration d’une stratégie de prévention et de lutte contre les IST dans une stratégie sur le VIH constitue le modèle de pratique le plus logique et le plus avantageux7. En outre, l’intégration d’une stratégie sur l’hépatite virale est recommandée en tant qu’option supplémentaire8 

Les arguments en faveur de l’intégration sont renforcés par les modes communs de transmission, qui entraînent des chevauchements au sein des populations clés touchées. Au niveau individuel, cela se traduit par des co-infections. La présence d’une IST rend les individus plus vulnérables à une infection à VIH et le fait d’être infecté à la fois par le VIH et par une autre IST peut accroître le risque de transmission du VIH. Au niveau de la population, les épidémies de VIH et d’IST sont exacerbées par des dynamiques épidémiologiques similaires qui sont appelées « syndémies »9. En combinant les efforts de prévention et de dépistage, une approche synergique peut être utilisée pour lutter de façon plus efficace et efficiente contre le VIH et les IST. 

Néanmoins, toutes les populations les plus touchées par le VIH ne sont pas exposées au même risque d’IST. En Belgique, comme dans la plupart des pays occidentaux, l’augmentation générale des cas de syphilis et de gonorrhée diagnostiqués depuis 2002 est principalement due à une transmission entre hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes10 11.

La chlamydia, la gonorrhée et la syphilis sont très répandues dans certains sous-groupes de hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. Sur le plan comportemental, cette prévalence élevée des IST est associée à une utilisation moins systématique de préservatifs, au fait d’avoir des partenaires sexuels multiples et à la consommation de substances ou à la toxicomanie. Proportionnellement, le LGV (Chlamydia serovar L) et l’hépatite C transmise par voie sexuelle sont davantage diagnostiqués chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes séropositifs au VIH. L’infection par le virus de l’hépatite C est associée à des pratiques sexuelles traumatiques à haut risque spécifiques, comme le fisting12

Néanmoins, depuis l’apparition de la PrEP, ces IST deviennent de plus en plus courantes chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes séronégatifs au VIH sous PrEP13 14 

Les IST sont beaucoup moins répandues chez les migrants originaires d’Afrique subsaharienne que chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. Une étude récente menée auprès des communautés d’Afrique subsaharienne dans la ville d’Anvers a cependant révélé que les diagnostics d’IST sont associés à une infection à VIH.  

ii. Cas enregistrés dans la surveillance épidémiologique15

La chlamydia est l’IST la plus répandue en Belgique. Le nombre de cas enregistrés est passé de 9,5/100 000 habitants en 2002 à 77,0/100 000 habitants en 2010. Cette augmentation a néanmoins été observée conjointement à une amélioration de la sensibilité des méthodes de diagnostic et à un dépistage mieux ciblé et plus approprié au sein des groupes à risque. Au niveau européen, la majorité des cas sont signalés parmi les hétérosexuels, principalement parmi les femmes. Toutefois, 10 % des cas de chlamydia sont diagnostiqués chez des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes16. Entre 2014 et 2019, on a constaté une augmentation régulière du nombre de cas de LGV (Chlamydia serovar L) chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes en Belgique. 

Les cas de gonorrhée sont en hausse depuis 2002, passant de 2,6/100 000 habitants en 2002 à 26,0/100 000 habitants en 2019. En 2019, les cas de gonorrhée ont principalement été signalés chez des hommes âgés de 20 à 39 ans. Au niveau européen et dans les pays présentant un contexte social et épidémiologique similaire comme les Pays-Bas, jusqu’à 50 % des cas sont détectés chez des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes17. 

Les cas de syphilis ont également augmenté au cours de cette même période (2002-2019) en Belgique, passant de 0,4/100 000 habitants en 2002 à 21,6/100 000 habitants en 2019. En 2019, les cas de syphilis ont principalement été détectés chez des hommes âgés de 20 à 59 ans. Les données européennes relatives à la transmission de la syphilis montrent que jusqu’à 75 % des cas sont diagnostiqués chez des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes18. 

3. Populations clés

Les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes et les migrants originaires d’Afrique subsaharienne sont les populations les plus touchées par l’épidémie de VIH en Belgique. Toutefois, toutes les personnes appartenant à ces populations les plus touchées ne sont pas exposées à un risque égal : la dynamique de transmission du VIH dépend de l’influence des différents facteurs de risque et de vulnérabilité auxquels elles sont exposées et qui se renforcent mutuellement.

C’est pourquoi le Plan national VIH se concentre sur les populations clés, définies comme des groupes qui, en raison d’un comportement spécifique à risque plus élevé et de vulnérabilités contextuelles, courent un risque accru d’exposition au VIH et aux IST connexes. Ces populations jouent un rôle déterminant dans l’épidémie de VIH et dans la riposte au VIH en Belgique ; elles englobent les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, les migrants (sans papiers) originaires de pays à forte prévalence du VIH, les personnes transgenres, les travailleurs du sexe, les consommateurs de drogues injectables et les détenus. Au sein de chaque population clé, les jeunes ont des besoins spécifiques liés à leur âgé ou à leur développement qui seront pris en compte dans des actions spécifiques du plan.

Mener une action à l’égard des populations clés pour le VIH implique donc de faire face à une combinaison de facteurs de vulnérabilité tels qu’un accès inadéquat aux soins de santé, une discrimination multiple et intersectionnelle, une stigmatisation associée au VIH et des inégalités socio-économiques.

Malgré l’existence de mécanismes de soutien visant à garantir des soins de santé universels – par exemple à travers la procédure des soins médicaux urgents –, les démarches administratives complexes peuvent constituer un obstacle important à l’accessibilité réelle des services. La Belgique dispose par ailleurs d’un cadre réglementaire solide et évolutif concernant la discrimination, notamment la discrimination fondée sur le sexe, l’appartenance ethnique, l’orientation sexuelle et l’état de santé actuel et futur19. Néanmoins, la stigmatisation et la discrimination perçues et réelles associées au VIH qui découlent de pratiques culturelles, de croyances religieuses, de restrictions légales et de la criminalisation de la transmission du VIH continuent d’accroître la vulnérabilité à l’infection à VIH. En plus du VIH – ou en lien avec le VIH –, les personnes vivant avec le VIH peuvent être confrontés à une stigmatisation et une discrimination fondée sur la race, l’orientation sexuelle ou l’identité de genre. La discrimination et la stigmatisation (ou l’autostigmatisation) peuvent empêcher l’accès aux soins et conduire à une auto-exclusion du soutien social20.

Par ailleurs, certaines populations clés font face à la pauvreté et ont un accès limité à des services essentiels tels que le logement, l’éducation, l’emploi, la protection et la justice21. Ces facteurs représentent des vulnérabilités supplémentaires dans la mesure où ils affaiblissent le contrôle de la santé sexuelle et augmentent le risque de violence sexuelle et de rapports sexuels monnayés. En outre, les liens entre migration, pauvreté et VIH sont reconnus dans le monde entier. Les recherches menées en Belgique ont révélé que l’infection à VIH parmi les migrants d’Afrique subsaharienne est non seulement associée au multipartenariat concomitant et au fait d’avoir des rapports sexuels principalement au sein de réseaux sexuels africains, mais aussi à la vulnérabilité socioéconomique22. Il a également été démontré que les migrants d’Afrique subsaharienne sont mobiles et peuvent adopter des comportements sexuels à risque lorsqu’ils se déplacent, ce qui accroît le risque d’infection à VIH post-migration23.

Un certain nombre de bonnes pratiques ont révélé que les interventions ciblant directement les populations clés permettent d’obtenir des résultats positifs. En Belgique, les services de réduction des risques ont réussi à maintenir l’impact du VIH parmi les consommateurs de drogues injectables à un niveau relativement faible par rapport à d’autres pays. L’approche préventive efficace adoptée envers – mais aussi par – les travailleurs du sexe a non seulement réduit le risque d’infections à VIH/aux IST, mais a aussi ciblé d’autres risques connexes tels que la violence. En outre, plusieurs organisations communautaires ont développé une expertise dans le cadre d’une approche participative ; elles ont ainsi collaboré étroitement avec les communautés touchées, augmenté la demande de prévention et favorisé l’adhésion à l’égard de services complémentaires tels que l’accompagnement par les pairs.

En résumé, des interventions continues sont nécessaires pour améliorer l’accès à la prévention du VIH et aux services de soins. Les programmes exhaustifs de prévention du VIH doivent porter non seulement sur les facteurs biologiques de l’infection à VIH, mais aussi sur le contexte social et les facteurs structurels qui influencent le comportement sexuel et les comportements favorables à la santé. Lutter efficacement contre le VIH implique de défendre les droits de l’homme, de combattre toutes les formes de discrimination et d’adopter une approche multisectorielle pour remédier aux inégalités socioéconomiques.

4. Recensement des acteurs du VIH

i. Organismes de prévention et d’accompagnement liés au VIH

Divers organismes axés sur la promotion de la santé, la prévention et l’accompagnement mettent quotidiennement en œuvre des activités en faveur des populations clés touchées par le VIH. Ces organismes proposent un ou plusieurs des services mentionnés ci-dessous :

  • soutien général en faveur des populations clés, notamment les travailleurs du sexe, les LGBTQI, les migrants, les consommateurs de drogues injectables et les détenus;
  • services de prévention et d’information sur le VIH/les IST destinés au grand public ou aux populations exposées à un risque accru d’infection;
  • plaidoyer structurel pour défendre et protéger les droits des personnes susceptibles de faire l’objet de stigmatisation et de discrimination (sur le plan social/structurel);
  • soutien direct en faveur des personnes touchées/infectées par le VIH par l’intermédiaire d’un accompagnement par les pairs, d’informations et de conseils.

ii. Centres de référence VIH

Les Centres de référence VIH (CRV) belges sont des centres d’expertise reconnus par le gouvernement. Chaque CRV est rattaché à un hôpital et propose des soins accessibles et multidisciplinaires aux personnes vivant avec le VIH, notamment une prise en charge et des traitements médicaux, un accompagnement psychosocial et un dépistage des IST. Les CRV reconnus ont signé une convention avec l’Institut national d’assurance maladie-invalidité (INAMI), ce qui permet le remboursement du traitement médical, mais aussi des soins et de l’accompagnement multidisciplinaires. Depuis 2017, les CRV sont également chargés de fournir un service de PrEP. La Belgique compte 12 CRV reconnus répartis sur l’ensemble du territoire, ce qui assure l’accessibilité de ces soins spécialisés. Cinq d’entre eux sont situés en Région flamande (Anvers, Louvain, Hasselt, Gand, et Bruges), quatre dans la Région de Bruxelles-Capitale (UZ Brussel, Saint-Pierre, Erasme, Saint-Luc) et trois en Région wallonne (Liège, Charleroi, Namur).

iii. Laboratoires de référence SIDA

Les Laboratoires de référence SIDA (LRS) belges sont des centres d’expertise fondés en 1987. Les LRS travaillent en étroite collaboration avec les Centres de référence VIH. Trois d’entre eux se situent en Région flamande (Anvers, Gand et Louvain), trois dans la Région de Bruxelles-Capitale (Jette, Saint-Luc et Erasme) et un en Région wallonne (Liège). Leurs missions consistent à confirmer ou à exclure l’infection à VIH en cas de test de dépistage réactif ; à réaliser des analyses pour le suivi en laboratoire de l’infection à VIH, et notamment des analyses de la charge virale et de la pharmacorésistance ; à évaluer la qualité des tests utilisés pour le diagnostic et le suivi des patients vivant avec le VIH ; et à recenser les nouvelles infections de façon à permettre le suivi épidémiologique et des recherches scientifiques. Les LRS travaillent en étroite collaboration avec Sciensano dans le cadre de cette dernière mission. Les LRS sont financés dans le cadre d’une convention avec l’INAMI.

iv. Centres de dépistage à bas seuil d’accès

Conformément à l’arrêté royal du 6 mars 2017 (précédemment l’arrêté royal du 28 décembre 2006), l’INAMI finance trois CRV en tant que centres de dépistage à bas seuil d’accès : Centre Elisa, CRV Saint-Pierre ; Sida Sol A.S.B.L, CRV Liège ; et Helpcenter, CRV Anvers. Le dépistage dont il est question dans cet arrêté s’adresse à toute personne qui présente un risque accru d’infection à VIH ou aux IST et qui fait partie d’un ou plusieurs des groupes cibles suivants :

  • migrants originaires d’un pays où la prévalence du HIV est minimum 10 fois plus élevée que la prévalence du VIH en Belgique;
  • hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes;
  • consommateurs de drogues par voie intraveineuse et leurs partenaires;
  • travailleurs du sexe et leurs partenaires;
  • clients de la prostitution et leurs partenaires;
  • personnes ayant des relations sexuelles non protégées en dehors du contexte d’une relation stable;
  • personnes ayant plusieurs partenaires ou ayant des relations sexuelles avec un partenaire qui a des partenaires multiples.

Ces personnes peuvent bénéficier d’un dépistage du VIH gratuit (et anonyme), complété au besoin par un dépistage des IST. Les activités de dépistage peuvent être proposées en dehors des locaux du centre de dépistage afin d’améliorer leur accessibilité auprès des groupes cibles.

v. Sciensano

Sciensano, l’institut de santé belge, est en charge de la surveillance épidémiologique du VIH/SIDA en Belgique. À cette fin, Sciensano recueille les notifications des nouveaux diagnostics d’infection à VIH auprès des LRS et des nouveaux cas de SIDA auprès des cliniciens. Depuis 2006, Sciensano collecte également des données individuelles sur les patients vivant avec le VIH suivis médicalement par les CRV et les LRS : il s’agit de la cohorte VIH belge. En 2018, le suivi des utilisateurs de la PrEP et de la PEP a été inclus dans la surveillance du VIH.
Les IST telles que la chlamydia, la gonorrhée et la syphilis ainsi que certaines autres IST sont suivies par Sciensano sur base de différentes sources de données de surveillance.

vi. BREACH

BREACH, le Consortium belge de recherche sur le VIH et le SIDA, est le fruit d’une collaboration entre les Centres de référence VIH et les Laboratoires de référence SIDA belges, des groupes de recherche scientifique et des organisations œuvrant dans le domaine de l’infection à VIH et du SIDA. BREACH vise à faciliter et soutenir la recherche sur le VIH en Belgique sous toutes ses formes (essais cliniques, épidémiologie, santé publique, recherche fondamentale et translationnelle, économie de la santé) aux niveaux national et international, et à accroître sa visibilité générale. Dans cette optique, des colloques et des réunions scientifiques sont organisés chaque année. BREACH compte aussi un groupe de travail sur la santé publique et un groupe de travail sur la PrEP qui offrent des possibilités d’échanges et de collaborations.

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1 : Sasse A, Deblonde J, De Rouck M, Montourcy M, Van Beckhoven D. Epidemiology of AIDS and HIV infection in Belgium. Sciensano; 2020. Dutch version available through: https://doi.org/10.25608/5c9n-4t26; French version available through via: https://doi.org/10.25608/35mc-0z39
2 Loos J, Nöstlinger C, Vuylsteke B, Deblonde J, Ndungu M, Kint I, Manirankunda L, Reyniers T, Adobea D, Laga M, Colebunders R. First HIV prevalence estimates of a representative sample of adult sub-Saharan African migrants in a European city. Results of a community-based, cross-sectional study in Antwerp, Belgium. PloS one. 2017;12(4). Available at: https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0174677
3 The Sialon II Project. Report on a Bio-behavioural Survey among MSM in 13 European cities. ISBN 978-88-98768-55-4 Cierre Grafica, 2016. Editors: Massimo Mirandola, Lorenzo Gios, Nigel Sherriff, Igor Toskin, Ulrich Marcus, Susanne Schink, Barbara Suligoi, Cinta Folch, Magdalena Rosińska. Available at : http://www.sialon.eu/data2/file/133_Sialon%20II_Report%20on%20a%20Bio-behavioural%20Survey%20among%20MSM%20in%2013%20European%20cities.pdf
4 Schmidt AJ, Weatherburn P, Hickson F. The EMIS-Network. EMIS 2017 – The European Men-Who-Have Sex-With-Men Internet Survey. Key findings from 50 countries. Stockholm: ECDC 2019
5 Marty L., Van Beckhoven D., Ost C., Deblonde J., Costagliola D., Sasse A., Supervie V. and the HERMETIC Study Group. Estimates of the HIV undiagnosed population in Belgium reveals higher prevalence for MSM with foreign nationality and for geographic areas hosting big cities. JIAS. 2019, 22:e25371. Available at : https://doi.org/10.1002/jia2.25371
6 Van Beckhoven D, Florence E, De Wit S, Wyndham-Thomas C, Sasse A, Van Oyen H, Macq J; Belgian Research on AIDS, HIV Consortium (BREACH). Incidence rate, predictors and outcomes of interruption of HIV care: nationwide results from the Belgian HIV cohort. HIV Med. 2020 Oct;21(9):557-566. doi: 10.1111/hiv.12901. Epub 2020 Jul 5. PMID: 32627351; PMCID: PMC7540395.
7 European Centre for Disease Prevention and Control. Developing a national strategy for the prevention and control of sexually transmitted infections. Stockholm: ECDC; 2019. Available through: https://www.ecdc.europa.eu/sites/default/files/documents/strategies-to-control-STIs.pdf
8 European Centre for Disease Prevention and Control. Public health guidance on HIV, Hepatitis B and C testing in the EU/EEA - an integrated approach. Stockholm: ECDC; 2018. Available through: https://www.ecdc.europa.eu/sites/default/files/documents/hiv-hep-guidance-brief-6-december.pdf
9 Singer M, Bulled N, Ostrach B, Mendenhall E. Syndemics and the biosocial conception of health. The Lancet. 2017 Mar 4;389(10072):941-50
10 European Centre for Disease Prevention and Control. Gonorrhoea. In: ECDC. Annual epidemiological report for 2017. Stockholm: ECDC; 2019.Available through: https://www.ecdc.europa.eu/sites/default/files/documents/gonorrhoea-annual-epidemiological-report-2017.pdf
11 European Centre for Disease Prevention and Control. Syphilis. In: ECDC. Annual epidemiological report for 2017. Stockholm: ECDC; 2019. Available through: https://www.ecdc.europa.eu/sites/default/files/documents/syphilis-annual-epidemiological-report-2017.pdf
12 Apers L, Vandenberghe W, De Wit S, Kabeya K, Callens S, Buyze J, et al. Risk factors for HCV acquisition among HIV-positive MSM in Belgium. JAIDS J Acquir Immune Defic Syndr. 2015;68(5):585–593.
13 Sasse A, Deblonde J, De Rouck M, Montourcy M, Van Beckhoven D. Epidemiology of AIDS and HIV infection in Belgium. Sciensano; 2019. Dutch version available through: https://doi.org/10.25608/5c9n-4t26; French version available through: https://doi.org/10.25608/k6sn-n789;
14 Vuylsteke, B., Reyniers, T., De Baetselier, I., Nöstlinger, C., Crucitti, T., Buyze, J., Kenyon, C., Wouters, K. and Laga, M., 2019. Daily and event-driven pre-exposure prophylaxis for men who have sex with men in Belgium: results of a prospective cohort measuring adherence, sexual behaviour and STI incidence. Journal of the International AIDS Society, 22(10), p.e25407
15 Vanden Berghe, W., De Baetselier, I., Van Cauteren, D., Sasse, A., Quoilin, S. Surveillances des infections sexuellement transmissibles. Données pour la période 2017-2019. Bruxelles, Belgique : Sciensano. Numéro de rapport : D/2020/14.440/85. Available through: https://www.sciensano.be/sites/default/files/report_sti_sciensano_1719_fr.pdf
16 European Centre for Disease Prevention and Control. Chlamydia infection. In: ECDC. Annual epidemiological report for 2017. Stockholm: ECDC; 2019. Available through: https://www.ecdc.europa.eu/sites/default/files/documents/AER_for_2017-chlamydia-infection.pdf
17 European Centre for Disease Prevention and Control. Gonorrhoea. In: ECDC. Annual epidemiological report for 2017. Stockholm: ECDC; 2019. Available through: https://www.ecdc.europa.eu/sites/default/files/documents/gonorrhoea-annual-epidemiological-report-2017.pdf
18 European Centre for Disease Prevention and Control. Syphilis. In: ECDC. Annual epidemiological report for 2017. Stockholm: ECDC; 2019. Available through: https://www.ecdc.europa.eu/sites/default/files/documents/syphilis-annual-epidemiological-report-2017.pdf
19 UNIA. The 19 grounds of discrimination. Available at: https://www.unia.be/en/grounds-of-discrimination/the-19-grounds-of-discrimination
20 Pezeril C. Lutte contre le SIDA et promotion de la santé sexuelle. Santé Conjuguée, 2019 n° 86. Available at: https://observatoire-sidasexualites.be/wp-content/uploads/SC-86-in-lgbt-def-pezeril.pdf
21 Gennotte et al. (2017). Oral presentation at the BEACH symposium 2017, Anderlecht; Belgium. Available at : http://www.breach-hiv.be/media/docs/BREACHSympo2017/AMASE,AFGennotteBreach3pourlesite.pdf
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